Lettre A … Tous ceux qui voudront, toutes celles qui voudront …mais ne pourront pas !

 

De temps en temps une lettre…

 

 Ce matin dans le calme de la maison qui s’éveille, je me suis assise au bord du lit pour m’étirer, mes deux pieds ont senti la fraîcheur du sol, j’ai ouvert la fenêtre, j’ai respiré l’odeur de l’herbe pleine de rosée qui montait jusqu’à moi, j’ai entendu les pépiements printaniers qui s’élevaient dans le ciel.

Tous les sens en éveil,  tous les sens en action …

J’étais bien.

 Reconnaissance…

*Ce matin, tu t’es réveillé d’un sommeil épuisant, dans le bruit des sonnettes, des alarmes, de la ventilation, qui ont rythmé ta nuit.

Tu veux t’asseoir, mais tu ne peux pas, la douleur déchire ton dos…                                                                   Tu ne peux  pas aller jusqu’à la fenêtre, qui, de toutes façons ne s’ouvre pas …

L’odeur de la javel, des antiseptiques, des sirops, des médicaments colorés de ta perfusion te soulève le cœur.

Tu n’entends plus la ville s’agiter.

Tous tes sens en éveil, tous tes sens sans actions.

Maladie…Hôpital…

 

*Ce matin ou ce soir ou cet après-midi, quel jour?

Tu veux, te lever, non te coucher, te lever…

Tu ne sais pas, tu ne sais plus que la ville s’éveille…

Tout tes sens en sommeil, tout tes sens sans action.

Synapses…Déconnexion…

 

*Ce matin tu es déjà réveillé depuis longtemps,  par les cris et les hurlements de tes compagnons … sous la torture.

Tu ne veux plus sentir l’odeur de chair brûlée et de sang.

Tu ne veux plus  entendre le bruit mat des coups que l’on donne.

Tu veux bouger, mais tu ne peux pas, dans cet espace confiné et sombre, les chaines entravent tes chevilles et tes poignets.

Tous tes sens sur le qui-vive, tous tes sens épouvantés.

Persécution…

Alors, virtuellement, j’ai pu venir vers toi, j’ai pris ta main dans la mienne, j’ai murmuré des mots doux à ton oreille, je t’ai emporté, l’espace d’un instant…

Nous avons survolé le Bassin d’Arcachon, l’étang de Thau, la dune du Pilat, le Mt St Clair, nous avons poussé à la pointe du Cap-Ferret, rasé le phare du môle à Sète, frôlé les vagues des passes, fait jaillir l’or du Canal Royal, éclaboussé les parcs à huîtres, respiré la forêt de pins…

Au-delà des murs, au-delà des douleurs, au-delà des cris , au-delà des pleurs, au delà des peurs !!

Libération…

Et puis…

Je suis rentrée chez moi, oui j’étais bien…je me suis fait un café…

ET …

J’ai ‘’râlé ‘’ contre la cafetière qui débordait … le pain grillé …brulé, le voisin qui démarrait sa tondeuse, l’ado qui avait mal visé la corbeille de linge !

Ingratitude!

……………………………………………SURVOL VIRTUEL……………………………….

 

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